Qui n’a jamais bondi en lisant une faute grossière dans un journal, sur un site web, dans un roman ? Il est vrai que certains aussi s’étonnent de voir réagir les autres, car des fautes, ils n’en remarquent que rarement. Si la langue française est riche, elle est aussi complexe et c’est bien connu : on voit les fautes des autres, mais pour ce qui est des siennes… Grammaire, conjugaison, orthographe : il faut des années à nos enfants pour apprendre les rudiments du français et enregistrer quelques-uns de ses innombrables pièges. Pour la plupart des jeunes adultes, rédiger un CV sans faire une faute relève de l’exploit, même si les outils de traitement de texte corrigent tant bien que mal les erreurs les plus flagrantes.
Nous avons voulu savoir, en interrogeant des lecteurs, des auteurs, des éditeurs et d’autres acteurs de la chaîne du livre, comment ils « vivaient les fautes », comment ils se corrigeaient ou corrigeaient les autres.
Cet article est le premier d’une série consacrée à ce sujet.
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Pour ouvrir le débat, nous avons sollicité Michel Moinier, grand lecteur et passionné des mots puisqu’il est l’auteur, entre autres, de « L’autre Mélusine, ou l’aide-mémoire », paru en mai dernier aux Éditions du Petit Pavé.
Voici son témoignage.
Michel Moinier |
« Tout d'abord des fautes, je n'en ai jamais trouvé... tout juste des erreurs. Si je commence par ce qui semble être un trait d'humour c'est que je crois réellement que stigmatiser la faute chez les enfants, comme chez les adultes, c'est les conduire à coup sûr à la faute. Je ne dis pas qu'il faille écrire n'importe comment, je dis avant tout qu'il faut écrire et que la connaissance vient plus et mieux par la pratique, par l'habitude que par l'absorption de belles règles souvent abstraites malgré les masculins plus fort que les féminins, les M de chez BP qui ont la haine des N…
Pour ce qui concerne les bouquins, il est important de tendre vers le « zéro erreur » à la livraison chez le lecteur et qu'importe la façon pourvu qu'on ait livresque. Pour ma part, je tape et tape sur mon battoir (je dormirai mieux ce soir) et je regarde ensuite avec suspicion les remarques de ma machine. J'en prends et j'en laisse évidemment, puis je tire un exemplaire papier car je ne sais pas lire un écran. Cet exemplaire, je le soumets à deux ou trois copains et copines, à savoir Jean, Jeannine, Pierrette, Renaud, Alain et à l'autre, selon leur disponibilité qui auront l'insigne plaisir de recevoir gratuitement à la publication (si elle arrive) un exemplaire dont il n'auront rien à faire puisqu'il l'auront déjà lu et relu (bienheureux celles et ceux qui ont des enfants, petits-enfants, cousins, vieilles tantes et tourte au chianti à qui il pourront toujours l'offrir ou attendre le décès de l'auteur dans l'espoir de sa notoriété à venir eu égard à l'affectueuse dédicace noircissant la page de garde). Évidemment, ça ne met pas de beurre dans les pinards des correcteurs professionnels, mais les pourcentages concédés par les éditeurs (dont les meilleurs ne roulent pas non plus sur l'or) ne permettent pas au commun des futurs immortels de s'en offrir les sévices.
Dans un autre domaine, et pour illustrer les bonnes manières, j'ai parfois rencontré de belles erreurs bien dodues qui m'ont bien amusé notamment (allez, dénonçons, dénonçons, il en restera toujours quelque chose), dans le livre de Shan Sa "La cithare nue" chez Albin Michel, page 21 ... poussant les reflets du soleil avec la manche de son éventail.
Et encore cette méga-coquille dans un livre de contes… La bulle de savon ria si fort qu'elle éclata. »
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Pour réagir aux propos de Michel, nous avons interrogé quelques acteurs d’une longue chaîne, celle qui mène du manuscrit de l’auteur à la table de chevet du lecteur. Voici comment ils voient, chacun à sa manière, les "fôtes"...
« L’écriture est une aventure humaine… »
Gaëlle le Pavic est enseignante. C’est à ce titre, mais également en tant qu’auteure qu’elle réagit au témoignage de Michel Moinier.
"Je suis entièrement d’accord avec les propos de Michel Moinier. Ecrire correctement passe bien plus par la pratique que par l’apprentissage de ces fameuses règles barbares et rébarbatives mais ô combien incontournables !
Gaëlle Le Pavic |
En tant que prof d’histoire-géo, les fautes font partie de mon quotidien : de l’erreur simple à l’orthographe et la grammaire intégralement revisitées, où les noms deviennent des verbes, où les verbes se font noms, et où les mots se parent de lettres nouvelles à chaque ligne. Il est donc difficile pour moi de les ignorer, ces fautes qui ponctuent les lignes quadrillées des copies de mes élèves et me font rire ou sortir de mes gonds, ou ces coquilles qui parsèment les pages de mes livres de chevet.
Pourtant, lorsque j’écris, je suis avec mes personnages et leurs histoires, alors des fautes, j’en fais. De la faute de frappe aux fautes d’accord, je suis plusieurs étapes pour les corriger. Dans un premier temps, je fais appel à mon traitement de texte qui repère les erreurs pendant la frappe, puis je soumets mon texte à un logiciel spécialisé de grammaire et d’orthographe. J’effectue ensuite une correction- papier : imprimer le texte lui donne vie et permet de prendre du recul et de mieux repérer les erreurs. Enfin je fais appel à mon époux, à ma mère – professeur des écoles retraitée à l’œil acerbe- et à mes amies, qui examinent le texte avec un regard neuf et sans concession.
Et malgré cette traque, certaines fautes passent encore inaperçues ! Parce qu’un traitement de texte ne remplace pas les yeux du lecteur, parce que l’écriture est une aventure humaine, parce que si l’on peut tendre vers la perfection, on ne l’atteint que rarement, il y aura toujours des coquilles dans les manuscrits !"
Gaëlle le Pavic - Auteure
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Pénélope Labruyère-Snozzi est éditrice (Éditions la Madolière) et publie recueils de nouvelles et romans, dont récemment le remarqué « Chair et tendre » d’Amelith Deslandes.
La faute à qui ?
« La faute est partout. Pourquoi ? Ne tapez pas sur les professeurs, ils n'y sont pas toujours pour quelque chose. Oubliez les élèves, souvenez-vous que vous aussi, vous aviez parfois cette envie singulière d'être ailleurs pendant la classe. La langue française est une merveille dont la naissance probable se situerait entre le délire schizophrène et la rigueur latine. La faute est, à mon sens, avant tout due à l'inattention. Et je suis la première concernée.
Pénélope Labruyère-Snozzi |
Étonnant, pour une éditrice ? Pas si sûr. Stigmatisée depuis l'enfance parce que gauchère (dans une institution catholique), on y associait bien volontiers une sinistre orthographe. La dictée avait un petit avant-goût d'enfer pour moi, mon crayon et ma feuille : mes notes flirtant sous la ligne de flottaison, avec les profondeurs abyssales des « moins quelque chose à deux chiffres » et les commentaires débordant d'enthousiasme de mes Pygmalions successifs : « Pénélope a fait 1 faute de moins qu'à la dernière dictée, un progrès ! -18/20 » ou encore : « Atteindra-t-on un jour la surface ? ». Au moins il avait de l'humour, monsieur Couderc ! Et par un fait que je ne m'explique toujours pas, je faisais très peu de fautes lors des rédactions, mon sport préféré ! Et le pauvre monsieur Couderc en perdait son grec.
Dans ces conditions, vouloir travailler dans la littérature relevait pour moi de la gageure. Et ma carrière modeste a commencé par l'écriture. Je vous laisse imaginer les coquilles éparpillées dans mes feuillets. J'avais conscience de mes lacunes et prenais soin comme beaucoup d'auteurs de faire relire mes textes par des proches. Mais il en est toujours une qui reste planquée dans les tranchées des paragraphes.
En tant qu'éditrice, et malgré mon lourd passif, j'ai un mal fou à rentrer dans un texte comprenant des fautes. J'essaye de rester indulgente, surtout que je ne les vois pas toujours. Toutefois, pour moi présenter un manuscrit non corrigé à un éditeur constitue presque une faute professionnelle. Étant particulièrement mauvaise à la pêche aux fautes – orthographe, conjugaison et tout le tintouin - j'ai engagé un correcteur (en fait deux, et je vais en changer). Pourquoi ? Parce que… remontons dans le temps et voyez la naissance douloureuse de la honte :
Bien heureuse de tenir enfin l'objet de plusieurs mois de travail pour moi et parfois des années pour l'auteur chanceux, imaginez ma stupéfaction quand un professeur de français m'ouvre le premier ouvrage publié à une page incertaine et me montre : « leurs marchands de légume en boîte ». Et l'hécatombe ne s'arrête pas là. Pour mon plus grand effroi, de nombreux lecteurs m'envoient des petits mails pour me signaler une erreur au fil des pages. La gène qui s'empare de moi est mortifiante. J'ai toujours gentiment remercié les personnes qui m'ont fait part de leurs critiques, elles m'aident à avancer. Mais à la 30ème faute (là y'a pas de S parce que c'est la faute – 1 seule – numéro 30… j'ai bon ? ), j'avoue avoir perdu mon calme auprès de la correctrice.
Et plutôt que de rester dans mon coin à pleurer sur ma réputation, inexistante mais déjà entachée, et me lamenter sur les sous investis (non remboursés…) j'ai pris le parti d'en rire et d'y convier les lecteurs avec un SAV des fautes du livre. Je ne pousserai pas le vice jusqu’à vous dire exactement où, mais c'est toujours en ligne, la transparence, c'est aussi ça.
La malchance ne s'est pas arrêtée là... le deuxième correcteur en avait laissé passer une ou deux et l'auteur, plein de ressources, m'en a fait la remarque. Quand j'interroge le professionnel, il m'avoue : « le correcteur Word a dû en laisser passer ». Stupeur ! Je paye un logiciel ! Là aussi la moutarde m'est doucement montée au bout du museau. Mais que faire ? Le livre n'était pas sorti, on a pu corriger à temps. Même si après coup, il s'est avéré qu'il en reste une je crois (ou deux). Il me faut donc trouver un nouveau correcteur.
La quête de l'éditeur est donc une quête sans fin : trouver un bon livre à publier sans être rebuté dès le début par les fautes, trouver le bon correcteur qui fera son travail avec amour et rigueur et débusquer les coquilles qui se glissent toujours dans un texte. Cette quête est un Graal. Dire que je ne crois pas au livre parfait ? A vrai dire, l'expérience de lectrice me prouve que tout est possible. Le sujet s'étend à la mesure de l'Univers si l'on considère aussi les fautes des professeurs. Dans le carnet de correspondance d'un garçon de 9 ans, la maîtresse répond à la maman de l'élève : « Je vous ai noté pour 10h ». Les journalistes de radio ou de télévision qui ne savent plus conjuguer au subjonctif.
Mais la langue française est belle et je vais arrêter de la massacrer et vous laisser lire le prochain article.
Bonne journée à tous. »
Pénélope Labruyère-Snozzi - Editrice
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Fabien Hérisson est chroniqueur chez k-libre, site d’actualités de la littérature policière et du roman noir. A ce titre, il « épluche » inlassablement quantité de romans. Il livre ici son avis d’expert.
« Un roman parsemé de coquilles est un supplice oculaire. »
« Errare humanum est. Tout est dit. Ou presque.
Fabien Hérisson |
A l’heure des nouvelles technologies, où les moyens de communication se multiplient, il faut aller vite. Réseaux sociaux, forums, sms… On abrège, on phonétise. Les règles grammaticales sont oubliées et les acquis orthographiques s’évaporent. La langue française crie à la maltraitance.
Le chroniqueur ne déroge pas à ce constat. Il doit lui aussi faire face à l’angoisse de la coquille, guetter la faute d’accord, éradiquer la phrase lourde qui plombe le texte qu’il doit rendre à son rédacteur en chef ou publier sur son blog.
Il faut se rendre à l’évidence, un texte truffé de « fôtes » perd de sa superbe. Certains blogs regorgent de chroniques où la syntaxe est martyrisée.
Il faut savoir que le chroniqueur reçoit régulièrement de la part des services de presse, des épreuves non corrigées. Ce qui ne pose pas de problèmes à certains, n’est pas nécessairement vrai pour d’autres. Le chroniqueur est avant tout un lecteur. Un roman parsemé de coquilles est un supplice oculaire aussi redoutable que ne l’est l’audition d’une discussion de participants à une téléréalité.
On repère ainsi très vite les auteurs qui manient avec brio la langue de Molière. Ne pouvant donc juger le livre sur la forme - des corrections seront apportées avant l’ultime tirage - il doit se focaliser sur le fond. Généralement, il y a peu de surprises avec les grandes maisons d’éditions. Elles disposent de chasseurs qui traquent les erreurs de syntaxe. La coquille est plus commune dans les romans de maisons plus modestes. Chez certaines, pour lesquelles le niveau de relecture est proche du néant, elles sont tellement nombreuses qu’on peut se demander si elles n’ont pas cherché à participer au concours de la plus grande omelette.
La langue française a cette complexité qui fait que le roman parfait, le zéro faute absolu, est presque impossible. Pour atteindre cette quasi-perfection, comme le stipule Michel Moinier, la relecture est l’arme absolue. Il ne faut pas hésiter à faire lire et relire ses textes. Cela vaut pour les écrivains comme pour les chroniqueurs.
Il en va de la crédibilité du texte, de l’auteur et, pour les romans, de l’éditeur.
Errare humanum est, perseverare diabolicum. « L’erreur est humaine, persévérer dans l’erreur est diabolique ».
Fabien Hérisson - Chroniqueur
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Florence Clerfeuille est écrivain public et biographe. Elle est la créatrice de « A mots déliés ».
« Aucun logiciel ne remplacera jamais l’œil exercé ».
Florence Clerfeuille |
Lorsque je relis un texte pour le corriger, la présence d’erreurs – d’orthographe, de grammaire, de conjugaison, de typographie… – ne me dérange pas. Je dirais presque : au contraire ! C’est leur présence qui justifie mon travail. Par contre, dans un livre du commerce, je ne les supporte pas. Elles m’horripilent. Comme, en plus, elles me sautent souvent aux yeux, le plaisir de la lecture est nettement diminué.
Lorsqu’elles sont peu nombreuses, je les supporte, mais il y a parfois des cas extrêmes. Récemment, j’ai ainsi lu un ouvrage dans lequel les erreurs – toutes plus grosses les unes que les autres ! – étaient légion : "fœtus de paille", "semblent jaillirent", "bonne augure", "bonne chair", "vilainies", "mâts provençaux"… Le texte m’a par ailleurs beaucoup plu. J’ai trouvé d’autant plus dommage qu’il n’ait pas été mieux traité. L’éditeur m’a assuré que le livre avait bénéficié d’une correction… J’ai beaucoup de mal à le croire !
Autant je peux concevoir qu’un auteur autoédité n’ait pas les moyens de faire corriger son texte par quelqu’un de compétent, autant je trouve inadmissible qu’un « éditeur » (mérite-t-il encore ce nom ?) fasse l’impasse sur cette prestation. Aucun logiciel ne remplacera jamais l’œil exercé. Un œil extérieur. Car celui de l’auteur connaît trop bien le texte pour en repérer les erreurs..."
Florence Clerfeuille – Ecrivain public - Biographe
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Ainsi se termine ce premier article consacré aux « fôtes ». D’autres professionnels ou grands amateurs du livre ont souhaité s’exprimer sur ce sujet et ont eu la gentillesse de bien vouloir participer à cette série d’articles. On pourra les découvrir ici même la semaine prochaine.
À suivre, donc...
À suivre, donc...
Je vais devoir faire très attention à ce que j'écris ici :)
RépondreSupprimerJe rejoins toutes ces personnes concernant les "fôtes" Je fais parti de celle qui voit les fautes des autres et pas les miennes ... En plus comme j'utilise une manière d'écrire , il est parfois difficile aux lecteurs de me suivre ... Je tisse mes lettres et il faut souvent lire entre les lignes ... Néanmoins je vais suivre de très près vos articles :)
J'oubliais il y a un terme qui "m'escagasse " c'est le merci avec la cédille ... le bisou avec x au bout etc etc ...
Merci d'avoir apprécié mon site ...
Auteur débutante et naïve (et flemmarde), j'avoue m'être reposée sur le correcteur de mon éditrice, savant à l'oeil perçant. Stupeur et énervement quand les textes reviennent (au bout de plusieurs mois) avec des fautes et même des phrases qui ne veulent plus rien dire ! Réponse de mon éditrice : "c'est une correctrice connue de télérama, mais c'est vrai que sa compréhension du texte est parfois surprenante !"... Le problème des logiciels, c'est que quand on les utilise seul ou mal, ils sont stupides.
RépondreSupprimerHalo, je suis Helena Julio de l’Équateur, je veux bien parler de Le_Meridian Funding Investors sur ce sujet. J'ai tout essayé pour obtenir un prêt de mes banques ici en Équateur, mais ils m'ont tous refusé parce que mon crédit était faible, mais avec la grâce de Dieu, j'ai appris l'existence de Le_Meridian. J'ai donc décidé d'essayer de demander le prêt. avec l’aide de Dieu, ils m’accordent un prêt de 500 000 USD à la demande de prêt que mes banques ici-même en Équateur m’ont refusée. C’était vraiment génial de faire affaire avec elles et mes affaires marchent bien maintenant. Voici le courrier électronique de Le_Meridian Funding Investment / Contact WhatsApp si vous souhaitez faire une demande de prêt auprès de ce dernier.
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